Patrimoine historique et architectural :
Bouëx est la patrie de Jean Ulysse GAYON, né au hameau de Hauteville le 8 mai 1845, qui mit au point la "bouillie bordelaise", liquide à base de sulfate de cuivre pour la protection des vignes
A voir dans le bourg : l’église du XII siècle, le château bâti aux XII et XVII siècles (propriété privée), les lavoirs du château et de chez Chagnaud.
- Le château (ne se visite pas) comporte plusieurs corps de bâtiments construits à des époques différentes. La cave, la salle médiévale à voûte de pierre en berceau brisé, sans doute contemporaine de l’église (XII siècle), possède un départ de souterrain et deux puits, réserves de vivres. Sur cette cave a été construit un bâtiment actuellement flanqué de deux tours (XV et XVI siècle). Accolé à cette structure, un bâtiment de deux étages (début XVII siècle) sur lequel se greffe en équerre un bâtiment avec un étage mansardé (fin XVII, début XVIII siècle). Le portail à mâchicoulis accoste un élégant pavillon mansardé orné d’une rangée de balustres, auquel fait suite le château, flanqué de deux tours rondes coiffées de toits à pans. En face du pavillon, s’élèvent une tour et un petit édicule, en forme d’échauguette, où l’on accède par un escalier ; une frise complète l’ensemble.
L’enceinte comprenait une orangerie adossée à l’église, dont les orangers, jadis célèbres, ont été vendus en 1893 à la ville de Bordeaux, une tour de guet carrée du XVIIème siècle, un parc, un verger et un étang.
- L’église Saint Etienne de Bouëx, de style roman, bâtie aux XI et XII siècles offre un intérieur gracieux et pieux. Elle a été donnée en 1146 à l’abbaye de Saint Cybard par le pape Eugène III, et a été fortifiée pendant les guerres de cent ans. A côté de la sacristie, est une chapelle dédiée à la Sainte Vierge. C’était la chapelle des seigneurs de Méré, qui avaient au-dessous leur lieu de sépulture. Selon Nanglard, les seigneurs du lieu auraient embrassé la religion protestante et ils ont cherché à partir de 1570, à empiéter sur les droits des curés. Ils se sont fait inhumer dans l’église qui restera de ce fait interdite plusieurs années. Ruinée pendant les guerres de religions elle sera restaurée après 1631, époque où elle a sans doute perdu son clocher initial.
- Ligne de démarcation : le hameau de "La Petitie" servait de poste frontière à la ligne de démarcation. En 1942, l'ancienne voie romaine sert de passage vers la zone libre.
- Musée de la Résistance (ferme Duruisseaud) situé au hameau "Les Forêts" : Jacques NANCY, adjoint au Colonel Claude BONNIER, délégué militaire de la région sud-ouest et René CHABASSE ont créé ici une section spéciale de sabotage en février 1944.
L'ECOLE DES FRERES CHABASSE
Ce nom a été donné en février 1983 par le conseil municipal de notre commune pour honorer et conserver le souvenir de deux jeunes résistants qui s’y sont élevés.
Leur mère, Madame Chabasse, dont le mari retraité de la gendarmerie est venu exploiter une petite propriété familiale à Vouzan a été nommée institutrice à Bouëx en 1930.
L’aîné, René fait alors sa rentrée au cours moyen 1ère année. Directrice à partir de 1933, Madame Chabasse exercera dans notre commune jusqu’à la retraite en 1946. Cette institutrice au destin tragique a frappé les esprits.
Sa fille Marie-Jeanne meurt à 18 ans d’une typhoïde en décembre1940. La résistance lui enlèvera ses deux fils. René, membre du B.O.A (Bureau des Opérations Aériennes) sera abattu par les Allemands à Angoulême le 21 février 1944, il n’avait pas encore 23 ans. Pierre, membre de la S.S.S. (Section Spéciale de Sabotage) tombe là 21 ans sous les balles allemandes lors de l’attaque de Royan le 14 avril 1945.
Dans la débâcle de juin 1940 le hasard de l’histoire a placé Bouëx sur la ligne de démarcation. En zone occupée, mais frontalière, nos concitoyens rendront des services aux familles séparées, aux juifs persécutés : passage de lettres, de personnes en zone libre….
De la fraude de la ligne de démarcation René CHABASSE passera bientôt à la résistance. Il entre dans le réseau Sol par l’intermédiaire de son ami Jean Lapeyre-Mensignac en Février 1943 en même temps que Charles Franc. Chabasse et Franc seront responsables dans ce réseau des opérations aériennes dans le département de la Charente. (réception de parachutages d’armes – atterrissages de petits avions pour l’arrivée ou le départ de clandestins vers l’Angleterre) René Chabasse recrutera trois chefs de secteur : Edmond Duruisseau, Guy Berger et René Rispard.
Le 14 novembre 1943, René Chabasse est dans l’équipe qui accueille le délégué militaire régional Claude Bonnier et son adjoint Jacques Nancy pour aider à la coordination des mouvements de résistance dans le Sud-Ouest et faire appliquer les plans préparés à Londres.
Le réseau devenu « bureau des opérations aériennes pour la région B » tombe en février 1944. Arrêté par les allemands, René Chabasse est abattu alors qu’il tente de leur échapper.
Traqué à Bordeaux depuis l’arrestation suivi du suicide de Bonnier le 09 février 1944, Jacques Nancy choisit la Charente comme lieu de refuge et décide d’y monter un groupe de sabotage.
Le samedi 26 février 1944, la S.S.S voit le jour aux Forêts dans la ferme de la famille Duruisseau. A ses débuts, la S.S.S. compte 5 membres, Jacques Nancy, Edmond Duruisseau, Charles Franc, Guy Berger et René Rispard. A la fin de la guerre elle a 157 membres homologués. La S.S.S est un maquis aux effectifs réduits mais très actif : le bilan de son activité représente la moitié des sabotages effectués en Charente. Début juillet 1945, la S.S.S rejoint le groupement R.A.C, groupement F.F.I du nord de la Dordogne. La S.S.S comptera 11 morts, 15 déportés, (9 ne reviendront pas), 23 blessés.
A son départ de Bouëx, Mme Chabasse est allée vivre à Vouzan dans une petite maison isolée du cimetière où elle avait conduit ses 3 enfants. Veuve depuis 1964, elle s’éteindra à l’âge de 85 ans dans la maison de retraite de La Rochefoucauld le 20 août 1976. Selon ses dernières volontés elle a été enterrée à Bouëx auprès de sa mère avec sa fille.
Les corps de René et Pierre ont été transféré au mémorial de Chasseneuil le 11 novembre 1976.
L'ORANGERIE DU CHATEAU
Vers 1830, Jean Noël de Jean de Jovelle, descendant de la famille Arnaud, reçoit en héritage le château de Bouëx, célèbre dans toute la région pour son orangerie qui abritait à l'époque une des plus belles collections d'arbres de France.
Le XIXème siècle, pour les orangeries, c'est l'amorce du déclin et celle de Bouëx vit ses derniers beaux jours.
C'est au XVIème siècle que les amateurs de jardins se sont intéressés aux orangers et aux citronniers.
Au XVIIème siècle, à l'imitation du roi Louis XIV à Versailles, les orangeries sont à la mode. L'orangerie du château de Bouëx, construite par un membre de la famille Arnauld, probablement Jean Arnauld, l'acquéreur du château, est située un peu à l'écart en alignement de l'église paroissiale. Ses restes, couverts de lierre touchent l'ancien terrain de boules. Mentionnée sur le plan terrier réalisé en 1764, elle était en plein rapport au milieu du XVIIIème siècle.
En 1982, le château de Bouëx, toujours par le jeu des héritages revient à un petit-fils de M. Jean de Jovelle; deux ans avant sa mort, pressé par des difficultés financières il décide de vendre son orangerie,
Ulysse Gayon, l'inventeur de la bouillie bordelaise, professeur à la faculté des sciences de Bordeaux et originaire de Bouëx, sert d'intermédiaire avec la ville de Bordeaux. Une délibération du conseil municipal de Bordeaux du 14/11/1893 dresse une description des arbres: 70 orangers ou citronniers, certains égalant les plus beaux de l'orangerie du palais de Versailles.
En effet, certains sujets atteignent avec leur caisse une hauteur de 4,80 m et une circonférence maximum à la tête de 9,40 m. La livraison s'effectue au printemps 1984, en mai, à l'époque ou les arbres sortent de serre.
Les arbres qui regrettent Bouëx... se mettent à dépérir... Le jardinier du château se rendra à Bordeaux pour les soigner, Il réussira et communiquera son savoir faire. Ce jardinier était un oncle de Mme Hillairet, première institutrice de l'école publique de filles ouverte en 1904. Certains parmi nos anciens se souviennent bien d'elle.
Charles de Galard de Béarn meurt en1895 et l'acquéreur du château, Jean Prévost de la Boutetière ne reconstituera pas la collection, Lorsqu'en 1925, le comte Marc de Chateaubodeau achète et s'installe à Bouëx l'orangerie n'abrite plus que quelques arbres de taille modeste.